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Il existe plusieurs façons d'augmenter le nombre de vaches traites, donc les livraisons de lait.

C'est le moyen le plus efficace pour réduire ou accroître notablement les livraisons de lait si des animaux sont disponibles.

« Des vaches en moins, ce n'est pas un problème, souligne Rémy Hannequin. C'est l'occasion de vendre à des éleveurs qui en ont besoin, ou de réformer les sujets à problèmes. Mais pour acheter des vaches, encore faut-il en trouver ! »

En 2007-2008, dénicher des laitières dans le Grand Ouest était vite devenu impossible. « Et si l'effectif augmente, il faudra s'assurer que les stocks fourragers sont suffisants pour faire face aux besoins supplémentaires », rappelle -t-il.

Retarder les réformes

« Différer légèrement la réforme des vaches est un outil à la marge pour piloter les livraisons sur une campagne, rappelle Benoît Rubin. Et à n'utiliser que s'il est sans incidence sur la qualité sanitaire du lait et la santé du troupeau. »

Retarder un départ de trois semaines permet de gagner 10 à 20 l par vache et par jour, sans charges supplémentaires hors alimentation. En 2007-2008, les éleveurs ont largement utilisé ce levier pour augmenter la collecte. Mais la qualité du lait s'était détériorée, avec une forte hausse des taux cellulaires.

De plus, cette pratique n'est pas compatible avec une gestion des effectifs à long terme.

Réduire la durée de tarissement

Il est possible de passer la durée de tarissement des multipares de 60 à 50 jours. « Il y a peu de charges supplémentaires, souligne Benoît Rubin. La limite se situe sur le plan sanitaire, selon le taux cellulaire des vaches. »

En deçà de 50 jours, attention au délai d'attente des produits de tarissement, dont la rémanence est de sept semaines. « Et si on tombe à une durée de tarissement de moins de six semaines, la lactation suivante sera plus molle », avertit Gérard Losq, de la chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor. La vache manquera d'état et les tissus mammaires seront moins bien régénérés.

Augmenter la durée de lactation

S'il anticipe fortement, l'éleveur peut retarder la mise à la reproduction de quelques mois pour les vaches ayant une bonne persistance de lactation. Il gagne autant de mois de production sur la campagne considérée et évite la période de tarissement non productive. Mais il devra prendre en compte ce décalage sur la campagne suivante.

Acheter ou vendre des animaux

En intégrant des vaches en lactation ou des génisses prêtes à vêler, la hausse de la production est immédiate. Encore faut-il en trouver, surtout aux périodes où tous les éleveurs sont à la recherche d'animaux supplémentaires.

Il est possible de faire appel à des entreprises spécialisées dans la commercialisation de vaches et génisses laitières (lire l'encadré ci-dessous). « Nous garantissons la qualité des animaux, souligne Gilles Serais, directeur d'Ouest Génis'.

Nous fournissons leurs performances de production (quantité de lait, TP, TB, taux cellulaire) ou celles de leurs mères pour les génisses amouillantes. Pour le cédant, vendre une vache en lait est un moyen d'ajuster sa production. »

La limite sera la disponibilité en vaches en lait ou génisses amouillantes, si trop d'éleveurs se tournent simultanément vers cette solution.

« Si l'animal est réformé au bout de huit mois, un achat à 1.300 € n'est rentable que si la vache produit plus de 23 l par jour, souligne Didier Désarménien. Le gain est toutefois très modéré : moins de 50 € de marge par 1.000 litres pour le lait supplémentaire produit. »

Cette stratégie peut s'avérer intéressante si l'éleveur est également en déficit d'animaux sur la campagne suivante alors qu'il veut pérenniser son quota.

Jouer sur le renouvellement

Il est possible d'élever toutes les génisses issues du troupeau et de vendre celles en trop avant leur vêlage. Mais là aussi, les éleveurs dépendent du marché pour les écouler.

De plus, cette solution peut buter sur d'autres facteurs limitants : places sous bâtiment, pression azotée...

Enfin, davantage de surfaces fourragères signifie moins de cultures de vente, sauf si les élèves valorisent des prairies éloignées. Surtout, le taux d'élevage des génisses ne doit pas guider le taux de réforme du troupeau.

La tentation est forte de conserver toutes les primipares et de leur faire de la place en réformant des multipares sans réel motif.

Notre exemple

Pour notre exploitation de la Mayenne :

• Retarder la réforme de deux mois pour 8 vaches sur 35, à 15 l/j : + 3 % de lait avec hausse des taux, + 220 € de marge par 1.000 l supplémentaires.

• Réduire la durée de tarissement de 10 jours pour 12 vaches sur 35, à 18 l/j : + 1 % de lait avec hausse des taux, + 320 € de marge par 1.000 l supplémentaires.

• Acheter des vaches en lactation à 25 l/j pour 1.300 € : + 1 à 2 % de lait, + 30 € de marge par 1.000 l supplémentaires.

Témoignage : MICKAËL MARTIN, éleveur à Tilly-sur-Seulles (Calvados)

« J'ai acheté plus de 30 vaches en trois ans »

« Je me suis installé il y a deux ans avec mes parents. J'ai repris une exploitation dont le troupeau se composait d'une trentaine de vaches en fin de carrière et sans aucune génisse de renouvellement.

Il était inutile de forcer sur l'alimentation car les vaches n'auraient pas suivi. Elles n'avaient pas le potentiel. Je les ai donc revendues progressivement.

Pour les remplacer, j'ai acheté en 2009 une dizaine de prim'holsteins à 1.300 €, via Ouest Génis'. Une semaine après ma demande, la coopérative avait sélectionné les animaux selon mes critères en termes de race, de niveau de production et de type de logement (une aire paillée).

Je suis allé les voir, dans des élevages de Loire-Atlantique. Puis j'ai obtenu une rallonge de 70.000 l pour la campagne 2010-2011. J'ai donc acheté une quinzaine d'animaux en 2010. Cette année, je vais en acquérir sept ou huit. La moitié sont des vaches en lactation, l'autre des génisses amouillantes à 15 jours du terme.

Les vaches sont traites le soir dans leur élevage d'origine, avant leur départ. Elles arrivent dans la nuit ou au petit matin. Je les laisse à part pendant une semaine, le temps qu'elles s'habituent, puis elles rejoignent les autres. Jusqu'à présent, je n'ai rencontré aucun problème, sanitaire ou autre.

Pour l'instant, nous sommes trois sur l'exploitation. Mais à l'avenir, si je me retrouve seul, j'envisage de ne pas élever les femelles de renouvellement et d'acheter des femelles selon mes besoins. J'économiserai ainsi du temps et des surfaces fourragères. »

 

Les facteurs limitants

Produire davantage peut buter sur les capacités productives de l'exploitation.

• Le travail. L'éleveur doit apprécier quelles sont ses disponibilités et la souplesse dans son emploi du temps.

• Les bâtiments. La limite peut être réglementaire, liée aux autorisations administratives, à la mise aux normes et au stockage des déjections.

Elle peut être liée à la taille des bâtiments. Surcharger une aire paillée risque de dégrader la santé des animaux (mammites, butyriques) et donc la qualité sanitaire du lait et son paiement.

• La production fourragère. La SFP de l'exploitation et le contexte pédoclimatique déterminent le nombre d'animaux qui peuvent être nourris sans achat régulier de fourrages.

Cette limite peut être levée en convertissant des cultures de vente en surfaces fourragères, ou en achetant des fourrages.

• Les contraintes telles que les cahiers des charges bio ou AOC, la réglementation environnementale, l'engagement dans des MAE...

« Après avoir identifi é ses facteurs limitants, l'éleveur doit se poser la question : si je dépasse cette limite, quel est le risque pris, expose Benoît Rubin. Lever cette contrainte me coûtera combien face au gain attendu de la hausse de production ? »

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